Les voyageurs britanniques pourraient être soumis à un interrogatoire serré de la part d’un agent de contrôle des frontières inhabituel : un système de détection de mensonges basé sur l’intelligence artificielle (IA).
L’Union européenne (UE) aurait l’intention d’utiliser l’IA comme l’une de ses mesures de sécurité aux frontières.
Le logiciel d’IA avancé analysera les expressions faciales, le langage corporel et d’autres signaux comportementaux lors du contrôle des arrivées en provenance du Royaume-Uni.
Il pourrait être mis en œuvre lors des contrôles aux frontières dans tous les aéroports et terminaux de ferry.
Selon The Mail, les détecteurs de mensonges de haute technologie feraient partie des nouvelles mesures de contrôle aux frontières de l’UE.
Il s’agit du système d’entrée-sortie (EES) et du système européen d’information et d’autorisation de voyage(ETIAS).
La SEE entrera en vigueur le 6 octobre 2024 et l’ETIAS suivra en 2025.
Dans le cadre de ces deux programmes de voyage, les visiteurs non européens doivent fournir des données biographiques et biométriques pour entrer dans les pays de l’espace Schengen.
Comment fonctionnent les détecteurs de mensonges à base d’IA
Selon le rapport, les voyageurs pourraient devoir passer un entretien en ligne avec un avatar animé par ordinateur avant de se rendre dans l’UE.
Au cours de cet entretien, les voyageurs seront interrogés sur l’objet de leur voyage et sur d’autres détails personnels.
Le système d’IA analyserait les expressions faciales, le langage corporel et les mouvements oculaires afin de déterminer la véracité des propos tenus lors des entretiens.
Si le logiciel détecte des signes de comportement suspect ou trompeur, il peut signaler ce voyageur pour qu’il soit soumis à un contrôle supplémentaire par des agents d’immigration humains.
L’UE a déjà testé une technologie similaire de détection de mensonges par l’IA dans le cadre de programmes pilotes portant les noms de code iBorderCtrl et Trespass.
iBorderCtrl est un projet de 4,5 millions d’euros (5,1 millions de dollars) financé par l’UE et testé entre 2016 et 2019 en Grèce, en Hongrie et en Lettonie.
Des scientifiques de l’Université métropolitaine de Manchester ont mis au point cette technologie et leur entreprise, Silent Talker Ltd, la commercialise.
Le consortium TRESPASS a piloté le logiciel et testé un autre logiciel de détection de mensonges portant le même nom jusqu’en novembre 2021.
Au cours de ces essais, les systèmes expérimentaux ont surveillé les réactions physiques des participants pendant que des agents frontaliers animés leur posaient des questions.
Certains essais ont même scanné les comptes de médias sociaux des participants afin de déterminer s’ils présentaient un risque pour la sécurité.
Toutefois, l’utilisation du contenu des médias sociaux pour ce type de contrôle a suscité des inquiétudes de la part des défenseurs des droits civils, qui craignent des violations de la liberté d’expression.
Nouvelles règles d’entrée dans l’UE pour les ressortissants de pays tiers
Le potentiel de l’IA pour le contrôle des détecteurs de mensonges intervient alors que l’UE s’apprête à mettre en œuvre des règles plus strictes en matière d’entrée sur le territoire.
Deux nouveaux systèmes de contrôle aux frontières permettront de mieux surveiller les citoyens britanniques et les ressortissants de pays tiers qui se rendent en Europe.
Le système européen d’alerte précoce exige des données biométriques de tous les voyageurs non européens et stocke leurs empreintes digitales et faciales dans une base de données de l’UE.
Ce système sera utilisé pour enregistrer l’entrée et la sortie des voyageurs non européens de l’espace Schengen, au lieu d’apposer manuellement un tampon sur leur passeport.
D’autre part, l’ETIAS est similaire au programme d’exemption de visa des États-Unis (US) et à l’autorisation électronique de voyage (ETA) du Royaume-Uni.
Les ressortissants sans visa doivent obtenir un ETIAS avant tout séjour dans l’espace Schengen.
Pour obtenir un ETIAS, les demandeurs doivent remplir un formulaire en ligne en répondant à des questions sur leurs antécédents et les détails de leur voyage.
Un logiciel de détection de mensonges par IA pourrait être intégré au processus de demande en ligne, interrogeant virtuellement les voyageurs au fur et à mesure qu’ils fournissent les informations requises.
Préoccupations éthiques concernant les détecteurs de mensonges à base d’IA
L’utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter les mensonges dans le comportement humain a suscité beaucoup de critiques et de scepticisme.
La loi européenne sur l’intelligence artificielle vise à garantir une utilisation sûre et équitable de l’IA.
L’objectif est de protéger les droits et la vie privée des personnes tout en permettant le développement de technologies d’IA utiles.
Elle divise les systèmes d’IA en niveaux de risque, certains étant considérés comme à haut risque, tels que ceux utilisés pour reconnaître les émotions.
Cependant, les critiques soutiennent que le règlement de l’UE sur l’IA permet toujours son utilisation dans le cadre de l’application de la loi et du contrôle des migrations, comme l’indique un rapport de BiometricUpdate.com.
Certains experts ont qualifié les détecteurs de mensonges à base d’IA de « pseudoscience » peu fiable, susceptible d’entraîner une discrimination injuste.
Patrick Breyer, membre allemand du Parlement européen, a fait valoir que même les experts humains formés ne peuvent pas détecter les mensonges de manière fiable en se basant uniquement sur les expressions faciales ou le langage corporel.
Il a averti que les détecteurs de mensonges à base d’IA pourraient injustement cibler les personnes souffrant de handicaps et de troubles anxieux.
Elle pourrait également constituer une discrimination à l’égard des différentes interprétations culturelles du langage corporel.
Certains s’inquiètent également du fait que ces systèmes d’intelligence artificielle pourraient avoir des préjugés à l’encontre de certains groupes ethniques ou nationalités en fonction des données sur lesquelles ils ont été formés.
De nombreux détracteurs considèrent qu’il s’agit d’un excès de technologie de surveillance invasive contraire à l’éthique.
Les fonctionnaires de l’UE ont défendu ces essais en affirmant qu’ils étaient nécessaires pour renforcer la sécurité aux frontières et identifier les menaces potentielles.