Le système d’autorisation de voyage électronique (ETA) du Royaume-Uni a suscité des inquiétudes quant à la sécurité de l’emploi dans le secteur du tourisme.
Les entreprises qui dépendent du tourisme international dans le sud-est de la Grande-Bretagne ont tiré la sonnette d’alarme quant à son impact.
Le gouvernement britannique prévoit d’étendre la mise en œuvre du nouveau système de permis numérique pour les voyageurs sans visa en deux phases à partir de janvier 2025.
Toutefois, nombreux sont ceux qui craignent qu’elle ne nuise à l’économie locale, en particulier aux emplois touristiques, en décourageant les visiteurs internationaux.
L’ATE au Royaume-Uni : qu’est-ce qui change ?
Le système britannique d’AVE oblige les voyageurs qui n’ont pas besoin de visa à demander une autorisation avant de se rendre au Royaume-Uni.
Il s’agit des citoyens des pays européens, des États-Unis, de l’Australie et d’autres pays ayant conclu des accords d’exemption de visa avec le Royaume-Uni.
Les demandes d’ETA coûtent 10 livres sterling et les voyageurs doivent soumettre leurs données personnelles et leur passeport et répondre à des questions de sécurité en ligne.
Le traitement et la réception de la décision concernant la demande prennent généralement trois jours, à peu près.
Une fois approuvée, une AVE est valable pour des visites multiples d’une durée maximale de six mois sur deux ans ou jusqu’à l’expiration du passeport auquel elle est liée.
Pour les visiteurs non européens, l’AVE sera nécessaire pour les voyages à partir du 8 janvier 2025, les demandes étant ouvertes à partir du 27 novembre 2024.
Les ressortissants européens en auront besoin à partir du 2 avril 2025, les demandes devant être introduites à partir du 5 mars.
Les personnes qui n’ont pas droit à une AVE doivent demander un visa britannique pour être autorisées à se rendre dans le pays.
Les entreprises touristiques locales mettent en garde contre le régime d’ATE
La BBC a cité plusieurs entreprises locales du Sud-Est qui craignent que le régime d’ATE n’entraîne des pertes d’emploi.
De nombreuses entreprises sont en difficulté depuis le Brexit, qui a considérablement affecté les voyages transfrontaliers depuis l’Europe continentale.
Après la pandémie, la décision du gouvernement britannique d’exiger des ressortissants de l’Union européenne (UE) qu’ils se déplacent avec un passeport a contribué à la baisse de la fréquentation touristique.
Les entreprises craignent que les formalités administratives et les droits supplémentaires imposés par l’ATE ne dissuadent les visiteurs et n’entraînent une baisse considérable de la fréquentation.
Le directeur du Hilderstone College, Lee Shutler, a déclaré que l’obligation de présenter un passeport au lieu d’une carte d’identité décourageait déjà les étudiants de l’UE.
Les étudiants allemands ont déclaré à la BBC que peu d’entre eux possédaient un passeport et qu’il était plus facile de se rendre dans d’autres pays européens avec une carte d’identité nationale.
Annette Taylor, propriétaire et directrice de la compagnie d’autocars Taylor Travel Ltd, a exhorté le gouvernement britannique à repenser le système ETA afin d’éviter de nouvelles pertes d’emploi.
Deirdre Wells, directrice générale de Visit Kent, a souligné que les étudiants internationaux et les voyageurs de loisirs sont essentiels pour le tourisme dans la région.
Elle a mis en garde contre le fait que le nouveau régime d’ATE pourrait devenir « une nouvelle barrière » pour les visiteurs et avoir un impact négatif sur les entreprises locales.
M. Wells a exhorté le gouvernement à apporter un soutien accru aux entreprises touchées par ces changements.
Beaucoup ont insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre la sécurisation des frontières et la nécessité de ne pas nuire à l’industrie vitale du tourisme.
Ils ont souligné ce fait alors que de nombreuses entreprises tentent encore de se remettre des difficultés économiques de ces dernières années.
Plus d’impact potentiel du régime ETA sur l’économie britannique
Ce n’est pas la première fois que l’on s’inquiète de l’impact négatif de l’ATE sur les entreprises.
L‘aéroport d’Heathrow a demandé à plusieurs reprises au gouvernement britannique de lever l’obligation d’ETA pour les voyageurs en transit.
Elle a averti que l’ATE pourrait encourager les voyageurs à transiter par d’autres grands aéroports européens, qui n’exigent pas de frais ou d’autorisation supplémentaires.
Cela pourrait entraîner une baisse importante du nombre de passagers et une perte de revenus pour l’aéroport.
Heathrow a signalé une perte de 90 000 passagers en provenance des pays du Golfe en raison de l’obligation d’ETA depuis novembre 2023 et février 2024.
Cette perte de passagers et de revenus affecte l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement touristique, des compagnies aériennes aux hôtels et restaurants.
Une analyse suggère que le régime pourrait entraîner des pertes financières allant jusqu’à 4 milliards de livres pour l’économie britannique.
Le gouvernement défend le régime d’ATE dans un contexte de difficultés pour l’industrie du tourisme
Malgré ces inquiétudes, le gouvernement britannique a déclaré que le système ETA était essentiel pour renforcer la sécurité et moderniser les contrôles aux frontières.
Le système permettra au gouvernement de suivre les voyageurs sans visa et de les soumettre à un contrôle préalable afin d’identifier les menaces potentielles avant leur arrivée.
Le système ETA vise à améliorer la sécurité aux frontières tout en rationalisant les déplacements vers le Royaume-Uni, à l’instar des systèmes mis en place dans des pays tels que les États-Unis et le Canada.
Bien qu’il s’agisse de défis à court terme pour les entreprises qui dépendent du tourisme, les avantages à long terme de l’ATE l’emporteront sur les difficultés.
Ces défis pourraient toucher durement les régions qui dépendent fortement des touristes des pays voisins comme la France, l’Allemagne et les Pays-Bas.
Si les frais de dossier de l’ETA, qui s’élèvent à 10 livres sterling, peuvent sembler modestes, ils peuvent rapidement s’avérer élevés pour les familles ou les voyageurs fréquents.
L’exigence supplémentaire préalable au voyage pourrait également décourager les voyageurs qui effectuent des séjours courts ou spontanés au Royaume-Uni.
Alors que le Royaume-Uni s’apprête à étendre l’ETA, les entreprises se préparent à des pertes d’emplois potentielles et à une baisse du nombre de visiteurs.
Les propriétaires d’entreprises locales dans une région dépendante du tourisme cherchent à obtenir davantage de soutien pour éviter un nouveau déclin économique.