Un juge d’Irlande du Nord estime que la loi sur le Rwanda ne devrait pas s’appliquer à la région

| mai 15, 2024
Un juge d'Irlande du Nord estime que la loi sur le Rwanda ne devrait pas s'appliquer à la région
Image par Kenneth Allen via Wikimedia Commons

Un juge d’Irlande du Nord a décidé que la loi controversée du Royaume-Uni sur le Rwanda ne devait pas s’appliquer à la région.

Le juge de la Haute Cour Michael Humphreys a déclaré qu’une partie de la loi rwandaise était incompatible avec la Convention européenne des droits de l’homme, rapporte The Guardian.

Il s’agit généralement d’une sanction prononcée par un tribunal britannique qui renvoie la législation au Parlement pour qu’elle soit retravaillée.

Le juge nord-irlandais a également déclaré qu’il violait le cadre de Windsor, convenu conjointement par le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) après le Brexit.

Le cadre de Windsor précise que les dispositions relatives aux droits contenues dans l’accord de paix du Vendredi saint de 1998 en Irlande du Nord ne peuvent être réduites.

L’accord du Vendredi saint est un accord politique entre les gouvernements britannique et irlandais qui a mis fin à 30 ans de conflit en Irlande du Nord, connu sous le nom de « Troubles ».

Toutefois, l’arrêt Hunphrey a estimé que les dispositions de la loi rwandaise entraînaient une « diminution des droits » en Irlande du Nord.

Cela inclut les droits des résidents qui demandent l’asile dans la région.

L’arrêt concernait deux affaires : l’une portée par la Commission des droits de l’homme d’Irlande du Nord et l’autre par un demandeur d’asile iranien de 16 ans résidant en Irlande du Nord.

Les avocats spécialisés dans les droits de l’homme affirment que la décision du juge d’Irlande du Nord pourrait donner lieu à des contestations pour discrimination. En effet, elle traite différemment les demandeurs d’asile dans les différentes régions du Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique fera appel de la décision

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a déclaré que « le jugement ne change rien » aux projets du pays d’envoyer des migrants illégaux au Rwanda.

Elle a également déclaré que la décision du juge d’Irlande du Nord n’avait aucune incidence sur la légalité de la nouvelle loi.

« Les engagements pris dans le cadre de l’accord du Vendredi saint doivent être interprétés comme ils l’ont toujours été et ne doivent pas être élargis pour couvrir des questions telles que l’immigration clandestine », a-t-il déclaré.

Le gouvernement britannique continue de rassembler des migrants illégaux en vue de leur expulsion vers le Rwanda, prévue dans les semaines à venir.

« Rien ne pourra nous en détourner ni nous faire respecter le calendrier que j’ai fixé. Nous devons commencer les vols pour arrêter les bateaux », a déclaré M. Sunak.

La loi rwandaise est essentielle au plan de Sunak pour lutter contre l’immigration clandestine. Elle vise à empêcher les migrants de traverser la Manche pour se rendre au Royaume-Uni.

En revanche, Sinead Marmion, l’avocate représentant l’adolescent, s’est félicitée de cette décision.

« L’accord du Vendredi saint a toujours été un symbole de protection des droits de l’homme et d’espoir », a-t-elle déclaré.

M. Marmion a ajouté que l’arrêt garantissait que ces droits s’appliquaient à l’ensemble de la communauté, y compris aux demandeurs d’asile.

Selon elle, cette décision envoie un message au gouvernement britannique : « Non seulement les demandeurs d’asile seront les bienvenus en Irlande du Nord, mais ils seront également protégés par la loi.

Les demandeurs d’asile actuellement détenus et prêts pour le premier vol vers le Rwanda sont arrivés au Royaume-Uni avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

La décision du juge d’Irlande du Nord n’aura pas d’incidence directe sur eux.

Toutefois, les futurs demandeurs d’asile qui risquent d’être renvoyés de force au Rwanda pourraient utiliser la décision de lundi pour contester leur renvoi.

Vers la loi britannique sur le Rwanda

De nombreux migrants traversant la Manche pour se rendre au Royaume-Uni ont demandé l’asile. Le gouvernement a déjà accordé cette aide à de nombreuses personnes par le passé.

Toutefois, le gouvernement britannique estime que les migrants arrivant illégalement au Royaume-Uni ne sont pas des réfugiés.

Cela s’explique par le fait qu’ils n’ont pas demandé l’asile dans le premier pays sûr où ils sont arrivés, comme la France.

En 2022, le Royaume-Uni a conclu un accord avec le Rwanda pour envoyer les passagers clandestins et les migrants par bateau dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Si ces migrants illégaux demandent l’asile au Royaume-Uni, le gouvernement évaluera leur demande pendant leur séjour au Rwanda.

Si leur demande d’asile est acceptée, ces migrants peuvent rester sur place.

Cependant, la Cour européenne des droits de l’homme a contesté la tentative du gouvernement britannique d’expulser des personnes vers le Rwanda.

L’affaire a été jugée par la Cour suprême du Royaume-Uni en 2023.

Elle a estimé que le Rwanda n’était pas sûr car il pouvait renvoyer les migrants dans les pays d’origine qu’ils avaient fuis.

Pour remédier à cette situation, le Royaume-Uni et le Rwanda ont signé un traité international contraignant visant à renforcer la protection des migrants.

Il a garanti que le Rwanda ne renverrait pas les migrants expulsés du Royaume-Uni dans leur pays d’origine ou dans tout autre pays où la sécurité n’est pas assurée.

Le traité a également introduit un système d’asile renforcé de bout en bout, y compris un comité de suivi chargé d’en assurer le respect.

En avril 2024, le Parlement britannique a adopté le projet de loi et une montée royale l’a promulgué.

Le ministère de l’intérieur a rapidement envoyé des équipes chargées de l’application de la loi pour placer en détention le premier groupe de migrants en vue de leur expulsion vers le Rwanda.

Elle s’est également préparée à envoyer les premiers migrants dans ce pays d’Afrique de l’Est. Les vols sont programmés dans neuf à onze semaines.

Il s’agit notamment d’augmenter la capacité des centres de détention et de former davantage de responsables de dossiers pour évaluer rapidement les demandes d’asile.