Les dernières statistiques du Royaume-Uni sur les demandes mensuelles de visas d’entrée révèlent une baisse significative du nombre de visas délivrés à des professionnels de la santé.
Cette forte baisse a suscité des inquiétudes quant à la capacité du pays à pourvoir des postes essentiels dans le secteur des soins de santé.
C’est d’autant plus préoccupant que le pays connaît une pénurie de main-d’œuvre.
La tendance à la baisse reflète le nombre de visas de travail, de santé et d’études délivrés au cours des sept premiers mois de 2024.
Les demandes concernant les trois principales voies d’accès au Royaume-Uni ont considérablement diminué par rapport à la même période de l’année dernière.
En juillet, le Royaume-Uni a reçu 91 300 demandes de visa, soit une baisse de 36 % par rapport au même mois en 2023.
Cette baisse est attribuée aux récents changements de politique visant à freiner l’immigration après qu’elle ait atteint un niveau record en 2022
La baisse du nombre de visas pour les professionnels de la santé
En juillet 2024, seules 2 900 personnes ont demandé un visa de travailleur de la santé et des soins, contre 18 300 en août 2023, soit une baisse de 82 % par rapport au même mois de l’année précédente.
Le nombre de demandes de visa émanant des personnes à charge des professionnels de la santé est tombé à seulement 22 200 entre avril et juillet 2024.
Il s’agit d’une baisse considérable par rapport aux 75 300 personnes recensées pour la même période en 2023.
Cette baisse intervient après une période d’augmentation du nombre de visas pour les professionnels de la santé.
Cette voie a connu une forte augmentation des demandes après que le Royaume-Uni l’a ajoutée à la liste des visas pour travailleurs qualifiés au début de l’année 2022.
Le pic de demande de visas pour travailleurs de la santé au Royaume-Uni reflète le besoin urgent de professionnels de la santé pendant la pandémie de COVID-19 et le vieillissement de la population.
Toutefois, des changements politiques récents ont inversé cette tendance.
Les nouvelles règles relatives aux visas pour les travailleurs de la santé et des soins, qui sont entrées en vigueur au début de l’année 2024, les empêchent d’emmener des personnes à charge.
Cette situation a fait du Royaume-Uni une destination moins attrayante pour les professionnels de la santé internationaux.
Implications pour le secteur des soins de santé
Selon le Financial Times, la baisse des demandes de visas pour les professionnels de la santé a commencé avant même l’introduction de nouvelles politiques.
La route des visas pourrait avoir atteint son point de saturation en décembre 2023, après que de nombreux prestataires de soins et de santé en ont profité en 2022.
Néanmoins, ce déclin pourrait avoir des conséquences sur le système de santé britannique.
Le NHS et d’autres prestataires de soins s’appuient depuis longtemps sur du personnel international pour remplir des fonctions essentielles.
C’est particulièrement vrai dans des domaines tels que les soins infirmiers et les soins aux personnes âgées, qui connaissent des pénuries persistantes.
La diminution du nombre d’agents de santé internationaux venant au Royaume-Uni risque de poser des problèmes de personnel, ce qui pourrait avoir un impact sur les soins aux patients.
La baisse des demandes de visa soulève des inquiétudes quant à l’efficacité des politiques d’immigration actuelles pour répondre aux besoins du Royaume-Uni en matière de soins de santé.
Les demandes de visas pour étudiants sont également en baisse
Si la diminution des visas pour les professionnels de la santé est la plus spectaculaire, le Royaume-Uni a également enregistré une baisse significative du nombre de visas pour étudiants.
Le nombre de demandes de visas d’études parrainées entre janvier et juillet 2024 était inférieur de 15 % à celui de la même période en 2023.
Cette baisse est due à des changements de politique en janvier 2024, qui empêchent les étudiants internationaux de faire venir leur famille au Royaume-Uni.
Cette année, seuls les étudiants internationaux en recherche de troisième cycle ou ceux qui bénéficient d’une bourse financée par le gouvernement peuvent faire venir leur famille au Royaume-Uni.
Ce changement de politique a entraîné une baisse de 81 % des visas pour personnes à charge délivrés aux étudiants étrangers.
Toutefois, le nombre de demandes de visas pour étudiants a atteint son plus haut niveau en juillet, avec 69 500 demandes.
Cela s’explique par le fait que de nombreux étudiants se sont empressés de déposer leur candidature avant le début de l’année scolaire.
Ce chiffre est toutefois en baisse par rapport à l’année dernière, où 81 900 demandes avaient été déposées au cours de la même période.
Selon The Guardian, c’est au mois d’août que le nombre de demandes de visas pour étudiants a été le plus élevé.
Le ministère de l’intérieur conseille d’évaluer l’impact total du changement de politique cette année, après avoir observé le mois de pointe des demandes d’inscription des étudiants.
Le Royaume-Uni est depuis longtemps un choix de premier plan pour les étudiants étrangers, ce qui contribue de manière significative à ses universités.
La baisse du nombre de demandes de visas pour étudiants pourrait avoir des conséquences plus larges.
Cela inclut les impacts financiers potentiels sur les établissements d’enseignement et la réputation mondiale du Royaume-Uni en tant que leader de l’enseignement supérieur.
La demande d’autres travailleurs qualifiés se maintient
Les statistiques révèlent également des tendances intéressantes en ce qui concerne les visas pour travailleurs qualifiés en dehors des visas pour travailleurs de la santé.
Entre avril et juillet 2024, le Royaume-Uni a délivré 28 600 visas de travailleurs qualifiés, soit une augmentation de 23 % par rapport à la même période en 2023.
Cela montre que si moins de professionnels de la santé viennent au Royaume-Uni, la demande pour d’autres travailleurs qualifiés étrangers demeure.
Le nombre de visas délivrés aux membres de la famille de travailleurs qualifiés était de 5 800 visas, en baisse par rapport aux 8 100 visas délivrés en janvier 2024.
Dans l’ensemble, le gouvernement a délivré 23 400 visas pour travailleurs qualifiés entre avril et juillet 2024, soit une légère augmentation par rapport à l’année précédente.
Ces chiffres pourraient être liés à des changements de politique et à la conjoncture économique, le nouveau seuil salarial pour les travailleurs qualifiés étant désormais fixé à 38 700 livres sterling.
L’approche du travail en matière d’immigration légale
Le gouvernement travailliste actuel a déclaré qu’il maintiendrait toutes les nouvelles politiques d’immigration légale du précédent gouvernement conservateur.
La ministre de l’intérieur, Yvette Cooper, a toutefois suspendu ses projets de relèvement du seuil de revenu pour les visas familiaux, qui passerait à 38 700 livres sterling l’année prochaine.
Au lieu de cela, elle a demandé au Comité consultatif sur les migrations (CCM) de revoir le niveau auquel le revenu des visas familiaux devrait être fixé.
Le gouvernement britannique a également proposé de nouvelles lois pour améliorer les salaires et les conditions de travail dans les services sociaux.
Il s’agit notamment d’un « accord sur la rémunération équitable » destiné à aider les travailleurs à négocier de meilleures conditions et à conserver leur emploi.
Elle a également créé un nouvel organisme gouvernemental, Skills England, chargé de former des travailleurs britanniques pour combler les lacunes en matière de compétences.
Dans cette optique, Mme Cooper a chargé le MAC d’examiner les raisons pour lesquelles les secteurs des technologies de l’information et de l’ingénierie ont fait appel à des travailleurs étrangers.
L’étude vise à en comprendre les raisons et à vérifier quelles compétences peuvent être améliorées au sein de la main-d’œuvre locale.
Le ministère de l’intérieur a souligné son intention de réduire les niveaux élevés d’immigration légale en s’attaquant aux raisons pour lesquelles le recrutement international est si répandu.
Elle vise à concilier les avantages de l’immigration avec le contrôle et l’équité, en mettant l’accent sur le développement de la main-d’œuvre locale et en remédiant aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée.