Le Royaume-Uni et les pays européens suspendent le traitement des demandes d’asile des Syriens après la chute d’Assad

| décembre 13, 2024
Le Royaume-Uni et les pays européens suspendent le traitement des demandes d'asile des Syriens après la chute d'Assad
Avec l’aimable autorisation d’Omar Ramadan via Pexels

Le récent renversement du président syrien Bachar al-Assad a entraîné la suspension du traitement des demandes d’asile syriennes dans toute l’Europe.

Cette décision marque la fin de plus d’une décennie de règne brutal en Syrie, alors que son gouvernement était confronté à de nombreuses allégations de crimes de guerre.

Il s’agit notamment de l’utilisation d’armes chimiques et du ciblage de civils pendant la guerre civile syrienne.

Les responsables du Royaume-Uni et de plusieurs pays européens ont déclaré que cette pause leur permettait de réévaluer leurs politiques.

Cependant, les groupes humanitaires s’inquiètent des vies en suspens alors que l’avenir de la Syrie reste incertain.

Le Royaume-Uni suspend ses décisions concernant les demandes d’asile des Syriens

Le ministère de l’intérieur du Royaume-Uni a annoncé une pause dans le traitement de quelque 6 500 demandes d’asile syriennes à la suite du retrait d’Assad du pouvoir.

Les fonctionnaires ont déclaré qu’il s’agissait d’une mesure temporaire visant à évaluer la manière dont l’évolution de la situation en Syrie pourrait affecter la sécurité et les droits des réfugiés.

« Nous examinons en permanence toutes les orientations nationales relatives aux demandes d’asile afin de pouvoir répondre aux questions émergentes », a déclaré un porte-parole du ministère de l’intérieur à la BBC.

La ministre britannique de l’immigration, Angela Eagle, a insisté sur la nécessité de faire preuve de prudence.

« Nous devons attendre un peu avant d’essayer de recommencer à prendre des décisions en matière d’asile dans un territoire où les choses évoluent si rapidement », a-t-elle déclaré.

M. Eagle a déclaré au Guardian que le gouvernement britannique était disposé à aider les réfugiés qui souhaitent retourner volontairement en Syrie.

« Si les gens souhaitent rentrer chez eux, nous aimerions certainement leur faciliter la tâche », a déclaré le ministre.

Toutefois, M. Eagle a également souligné l’incertitude qui entoure la stabilité de la Syrie.

« Il s’agit d’un moment charnière, et nous devons évaluer soigneusement si la Syrie peut offrir la sécurité aux citoyens qui rentrent chez eux », a-t-elle ajouté.

Les pays européens suivent l’exemple

Le Royaume-Uni et les pays européens suspendent le traitement des demandes d'asile des Syriens après la chute d'Assad
Avec l’aimable autorisation d’Ahmed Akacha via Pexels

Plusieurs pays européens ont pris des mesures similaires pour suspendre les décisions relatives aux demandes d’asile des Syriens.

L’Allemagne, qui accueille la plus grande diaspora syrienne d’Europe, a suspendu les décisions concernant plus de 47 000 demandes en attente.

La ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser, s’est félicitée du retrait d’Assad, mais a souligné que la situation restait incertaine.

« La chute du régime brutal d’Assad est un moment historique, mais nous ne pouvons pas nous précipiter pour prendre des décisions concernant l’asile et les retours sans nous assurer de la sécurité sur le terrain », a-t-elle déclaré.

À l’instar du Royaume-Uni, l’Allemagne étudie les moyens de soutenir les retours volontaires.

Toutefois, elle a souligné qu’aucun rapatriement forcé n’aurait lieu tant que les conditions ne se seraient pas améliorées de manière significative.

L’Autriche préparerait également un programme visant à encourager les retours volontaires, tandis que la France réfléchit à sa réponse.

Le Danemark et la Suède ont également suspendu temporairement les décisions relatives aux demandes d’asile des Syriens.

Ces suspensions mettent en évidence une tendance croissante en Europe à réévaluer les politiques à la lumière de l’évolution du paysage politique de la Syrie.

Préoccupations concernant la sécurité et la stabilité

Malgré ce changement politique important, la Syrie reste en proie à des troubles et des millions de Syriens déplacés sont confrontés à un avenir incertain.

Diverses factions armées contrôlent encore des parties du pays, et les infrastructures sont en ruine après de nombreux affrontements avec l’armée d’Assad.

Ces conditions compliquent les efforts visant à déterminer si la Syrie est sûre pour le retour des réfugiés.

Les organisations humanitaires ont exprimé de fortes réserves quant à l’encouragement du retour des réfugiés à l’heure actuelle.

Ils avertissent que si la destitution d’Assad est une étape importante, elle ne signifie pas nécessairement que la Syrie est en sécurité.

Amnesty International a déclaré que la Syrie reste instable en raison des problèmes de sécurité, de l’activité des milices et de l’insuffisance des infrastructures.

« La fin d’un dictateur n’équivaut pas au début de la paix », a déclaré l’organisation, selon la BBC.

La Commission européenne a invité les États membres à agir avec prudence et à coordonner leurs réponses.

Un porte-parole a souligné l’importance de veiller à ce que tous les retours soient volontaires, sûrs et dignes.

Avenir des demandes d’asile des réfugiés syriens

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Avec l’aimable autorisation d’Ahmed Akacha via Pexels

Alors qu’un gouvernement de transition a été formé en Syrie, les rapports font état d’une insécurité généralisée et de défis humanitaires importants.

Le Royaume-Uni et l’Allemagne ont invoqué ces questions non résolues pour suspendre les demandes d’asile et éventuellement faciliter les retours pour ceux qui le souhaitent.

Cependant, pour de nombreux réfugiés, le retour en Syrie comporte encore des risques considérables.

Néanmoins, les fonctionnaires de ces pays suivent de près la transition fragile du pays.

Les ministres de l’intérieur de l’UE doivent se réunir dans le courant du mois pour discuter d’une stratégie unifiée.

Entre-temps, les demandeurs d’asile syriens concernés par la suspension sont laissés dans l’incertitude, dans l’attente d’une clarification de leur statut.

Les décideurs politiques sont confrontés à la tâche difficile de trouver un équilibre entre l’espoir pour l’avenir de la Syrie et la nécessité de protéger les populations vulnérables.