Selon le Sunday Times, le nombre de demandeurs d’asile jordaniens arrivant en Irlande via le Royaume-Uni a considérablement augmenté.
Cette hausse est liée au nouveau système britannique d’autorisation électronique de voyage (ETA), qui permet aux Jordaniens de se rendre plus facilement au Royaume-Uni.
Lorsqu’ils se trouvent au Royaume-Uni, les demandeurs d’asile se rendent en République d’Irlande via le Common Travel Area (CTA) et y demandent l’asile.
Cette situation a suscité l’inquiétude des autorités irlandaises et jordaniennes, qui s’efforcent de gérer ce nombre croissant.
L’ATE britannique pour les ressortissants jordaniens
Le système britannique d’autorisation électronique de voyage (ETA) est au cœur de cette question.
Les voyageurs qui peuvent se rendre au Royaume-Uni sans visa doivent obtenir une AVE avant leur voyage au Royaume-Uni.
Le système vise à suivre les allées et venues des voyageurs sans visa afin de renforcer la sécurité aux frontières du Royaume-Uni.
Elle veille également à ce que tous les voyageurs sans visa fassent l’objet d’un contrôle préalable avant d’entrer dans le pays.
Actuellement, seuls les voyageurs des pays de coopération du Golfe (CCG) et de la Jordanie ont besoin d’une AVE pour se rendre au Royaume-Uni.
Avant la mise en place du système britannique d’ETA, les ressortissants des pays du CCG ( Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis ) devaient obtenir une dispense électronique de visa (EVW) de 30 livres sterling pour chaque visite au Royaume-Uni.
À l’inverse, les Jordaniens devaient demander un visa de visiteur standard à usage unique de 115 livres sterling pour se rendre au Royaume-Uni.
Pour seulement 10 livres sterling par demande, l’ETA britannique permet des entrées multiples au Royaume-Uni sur une période de deux ans sans passer par la procédure habituelle de visa.
Le régime ETA vise à stimuler le tourisme et à faciliter les déplacements des ressortissants de ces pays.
Toutefois, elle a également ouvert une nouvelle voie pour certains citoyens jordaniens, qui peuvent ainsi venir au Royaume-Uni, s’installer en Irlande et y demander l’asile.
Comment le régime de l’ETA a entraîné une augmentation du nombre de demandeurs d’asile
Depuis l’extension du programme ETA, le nombre de Jordaniens demandant l’asile en Irlande a augmenté de façon spectaculaire.
Les chiffres du ministère de la justice montrent que seuls 29 Jordaniens ont demandé l’asile en janvier et février.
Le nombre de demandeurs d’asile est passé à 127 en mars, après que le Royaume-Uni a introduit le programme ETA pour les citoyens jordaniens.
Depuis lors, le nombre de demandes a augmenté, avec 140 demandes d’asile déposées par des Jordaniens en avril.
En mai, 423 demandes d’asile ont été déposées par des ressortissants jordaniens, contre 318 en juin.
En juillet 2024, 512 Jordaniens se sont enregistrés pour demander l’asile au Royaume-Uni.
Au total, au cours des sept premiers mois de 2024, le nombre de demandeurs d’asile jordaniens a grimpé en flèche pour atteindre 1 549.
Il s’agit d’une augmentation significative puisque l’année dernière, il n’y avait que 53 demandeurs d’asile en provenance de Jordanie.
Cette forte augmentation est principalement due à l’accord CTA entre le Royaume-Uni et l’Irlande, qui permet aux personnes de circuler librement entre les deux pays.
Une fois que les Jordaniens sont entrés au Royaume-Uni en utilisant l’ETA, ils peuvent facilement se rendre en Irlande pour demander l’asile.
Complications avec les réfugiés palestiniens en Jordanie
La présence d’un grand nombre de réfugiés palestiniens en Jordanie ajoute à la complexité de la situation.
Ces réfugiés ont fui le conflit en cours dans leur pays et vivent en Jordanie, certains depuis de nombreuses années.
En vertu d’un accord préexistant, certains réfugiés palestiniens ont pu obtenir des documents de voyage jordaniens.
Cela signifie que ces réfugiés sont souvent traités comme des citoyens jordaniens lorsqu’ils demandent l’asile en Irlande.
Les fonctionnaires irlandais chargés de l’immigration éprouvent désormais des difficultés supplémentaires à déterminer les véritables origines et circonstances de ces demandeurs d’asile.
En conséquence, les ressortissants jordaniens constituent aujourd’hui l’un des groupes les plus importants de demandeurs d’asile en Irlande, juste derrière les Nigérians.
Les autorités irlandaises chargées de l’immigration s’efforcent d’accélérer le traitement de ces demandes pour faire face à l’augmentation de la charge de travail.
Pourquoi l’Irlande subit-elle la pression du traitement des demandeurs d’asile ?
Le système d’immigration irlandais est mis à rude épreuve par cette augmentation inattendue du nombre de demandeurs d’asile.
Le système est déjà sous pression et peine à gérer l’afflux de ressortissants jordaniens.
Cette situation a donné lieu à des discussions entre les autorités irlandaises, britanniques et jordaniennes.
Une source gouvernementale irlandaise de haut rang a confirmé que les autorités irlandaises et jordaniennes collaborent activement pour résoudre ce problème.
Le gouvernement britannique est conscient que le régime ETA peut être utilisé à mauvais escient et a prévenu que les auteurs d’abus s’exposeraient à des poursuites judiciaires.
Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré au Sunday Times que toute personne abusant de l’ATE serait « passible de mesures coercitives ».
Le Royaume-Uni et l’Irlande « s’engagent conjointement à protéger l’espace commun de voyage et à le préserver des abus », a ajouté le porte-parole.
D’autre part, les militants antiracistes irlandais plaident en faveur d’une approche juste et humaine du traitement des demandeurs d’asile.
Ces groupes affirment que s’il est essentiel de gérer efficacement l’immigration, il est tout aussi crucial de traiter toutes les personnes avec dignité et respect.
Le ministère irlandais de la justice a noté que les schémas migratoires évoluent constamment et que l’approche du gouvernement s’adapte en conséquence.
Toutefois, il a affirmé que les schémas migratoires et l’approche du gouvernement font l’objet d’un « examen permanent ».
Il a également reconnu que l’approche du gouvernement à l’égard des schémas migratoires peut impliquer un engagement avec d’autres juridictions.