Le gouvernement britannique et Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ont convenu d’un accord de travail pour lutter contre l’immigration clandestine.
Le 23 février 2024, Hans Leijtens, directeur exécutif de Frontex, et Phil Douglas, directeur général des forces frontalières du Royaume-Uni, ont signé l’accord.
Le ministre britannique de l’intérieur, James Cleverly, et la commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, étaient également présents.
L’année dernière, environ 30 000 personnes ont traversé la Manche de la France vers le Royaume-Uni. Ce chiffre est inférieur d’un tiers à celui de 2022 (46 000). Toutefois, la BBC a indiqué que le total était encore le deuxième plus élevé jamais enregistré.
En mars 2023, le Royaume-Uni a également signé un accord avec la France pour collaborer à l’arrêt des entrées illégales par la Manche.
Le Royaume-Uni et l’UE s’engagent à améliorer la sécurité aux frontières
Dans une déclaration, M. Cleverly a indiqué que la criminalité organisée liée à l’immigration est un « défi mondial qui exige des solutions et des ambitions communes ».
« Notre accord de travail historique entre le Royaume-Uni et Frontex est une nouvelle étape cruciale dans la lutte contre l’immigration clandestine, la sécurisation de nos frontières et l’arrêt des bateaux », a-t-il ajouté.
M. Leijtens a déclaré dans un communiqué de presse que cet accord témoignait d’un « engagement commun en faveur d’une Europe plus sûre ».
« Avec cet accord, nous réaffirmons ensemble notre engagement à renforcer la sécurité et la gestion de nos frontières », a-t-il déclaré.
Cette annonce fait suite à un accord conclu en mai 2023 entre le Premier ministre britannique Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en vue de mettre en place un nouvel accord de travail entre le Royaume-Uni et Frontex.
La coopération entre le Royaume-Uni et Frontex doit commencer dès que possible
Cet accord vise à renforcer la réponse opérationnelle du Royaume-Uni et de l’UE à l’immigration illégale et à la criminalité organisée liée à l’immigration.
Il établit une plateforme pour des actions coordonnées entre les forces frontalières du Royaume-Uni et l’agence Frontex de l’UE dans différents domaines.
L’un de ces domaines est l’échange d’informations et de renseignements, la connaissance de la situation et l’analyse des risques.
Il s’agit notamment des tendances migratoires, de la surveillance des frontières, de la lutte contre la fraude documentaire, des retours et de la gestion des frontières.
Un autre volet concerne la formation destinée à renforcer les capacités des agences frontalières du Royaume-Uni et de l’UE, afin qu’elles puissent bénéficier des stratégies efficaces de l’autre partie.
L’accord prévoit également une collaboration dans le domaine de la recherche et du développement de nouvelles technologies pour la protection des frontières.
Il s’agit notamment de s’appuyer sur la technologie des drones et la surveillance aérienne du Royaume-Uni pour lutter contre l’immigration clandestine.
La coopération entre le Royaume-Uni et l’UE s’applique également aux domaines opérationnels et techniques. Il s’agit notamment d’envoyer des ressources humaines pour des missions d’observation, de coordination ou de conseil.
Les deux parties espèrent également étendre leur collaboration à plus long terme.
Renforcer les frontières extérieures de l’espace Schengen de l’UE
En février 2024, le Parlement européen et la Commission européenne ont convenu de modifier le nouveau code des frontières de l’UE pour lutter contre l’immigration clandestine.
L’UE limitera et réduira les heures d’ouverture des points de passage frontaliers afin d’empêcher l’utilisation des migrants comme instruments de conflit et de déstabilisation.
Elle a également introduit de nouveaux protocoles de transfert pour arrêter les ressortissants de pays tiers en situation irrégulière et les renvoyer dans leur pays d’origine.
L’UE introduira également deux améliorations importantes en matière de sécurité aux frontières : le système d’entrée/sortie (ESS) et le système européen d’information et d’autorisation de voyage(ETIAS).
Le système EES enregistrera électroniquement les entrées et les sorties au lieu de tamponner les passeports à l’arrivée à la frontière extérieure de l’UE.
Dans le cadre de l’EES, les titulaires de visas de court séjour et les voyageurs exemptés de visa doivent enregistrer des données biométriques telles que leurs empreintes digitales ou faciales à la frontière.
Il enregistrera également les refus d’entrée, ce qui facilitera l’identification des personnes sans autorisation d’entrée et de celles qui sont restées plus longtemps dans l’espace Schengen.
En outre, l’EES détectera les personnes utilisant de fausses identités et de faux passeports.
D’autre part, l’ETIAS est un nouveau document électronique requis pour les voyageurs exemptés de visa qui entrent dans l’espace Schengen.
Il vise à améliorer la sécurité en contrôlant les voyageurs et en identifiant les personnes qui représentent une menace pour la sécurité avant leur arrivée.
L’EES devrait entrer en vigueur en octobre 2024, tandis que l’ETIAS sera mis en œuvre à la mi-2025.
Renforcer les frontières du Royaume-Uni
En 2022, le gouvernement britannique a adopté la loi sur les frontières nationales (National Borders Act ), qui vise à améliorer la sécurité des frontières du Royaume-Uni.
La législation vise à numériser entièrement la frontière britannique et à dissuader les entrées illégales et les menaces pour la sécurité nationale avant qu’elles n’atteignent le Royaume-Uni.
La numérisation de la frontière britannique implique le remplacement du statut d’immigrant par des documents électroniques, ou eVisas, et l’application de la nouvelle autorisation de voyage électronique (ETA).
Le Royaume-Uni travaille à la mise en place d’une plateforme numérique d’immigration d’ici 2025, afin de gérer les migrations et de dissuader les personnes de rester dans le pays de manière illégale.
Elle procède actuellement à la transition vers eVisas de tous les documents d’immigration physiques, tels que les cartes de séjour biométriques et les timbres et autocollants de passeport.
Par ailleurs, l’ETA fonctionne de la même manière que l’ETIAS. Il ne s’agit pas d’un visa, mais d’un permis de voyage numérique destiné à tous les voyageurs qui se rendent au Royaume-Uni sans visa.
Outre l’amélioration de la sécurité aux frontières, l’ETA rationalise les déplacements des personnes à faible risque ayant fait l’objet d’une présélection.
Actuellement, seuls les visiteurs du Bahreïn, du Koweït, d’Oman, du Qatar, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis (EAU) et de la Jordanie bénéficient du nouveau système britannique d’ETA.
D’ici 2024, le gouvernement britannique prévoit que tous les voyageurs exemptés de visa devront obtenir une AVE avant de se rendre au Royaume-Uni.