Au cours des deux prochaines années, le gouvernement britannique introduira l’ETA (Electronic Travel Authorisation). Il s’agit d’un moyen de contrôle préalable des visiteurs potentiels au Royaume-Uni, similaire à d’autres systèmes électroniques d’autorisation préalable au voyage déjà en place dans des pays tels que l’Australie, le Canada et les États-Unis. L’ETA britannique n’est pas techniquement un visa, bien qu’il serve à peu près le même objectif.
Avant le Brexit, lorsque le Royaume-Uni était encore membre de l’Union européenne, un citoyen britannique n’avait besoin que d’un passeport valide pour se rendre en Europe ou dans l’espace Schengen, et le même privilège s’appliquait aux citoyens de l’UE souhaitant se rendre au Royaume-Uni. C’est encore le cas aujourd’hui, mais cette période touche à sa fin, car l’accord de retrait du Brexit arrive à son terme.
L’Union européenne renforce la sécurité aux frontières en introduisant le système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS), actuellement en cours de déploiement. L’obtention de l’agrément ETIAS deviendra bientôt une exigence obligatoire pour les citoyens britanniques qui se rendent dans un État membre de l’UE, car le Royaume-Uni devient ce que l’on appelle un pays tiers et perd la liberté de voyager qu’il avait auparavant.
De même, dans le but de renforcer les contrôles aux frontières, le Royaume-Uni peaufine actuellement son propre système de contrôle avant le voyage, le UK ETA, qui devrait être opérationnel à la fin de 2023, lorsque certains pays du Moyen-Orient seront les premiers à tester ce système encore balbutiant. Après les tests initiaux, l’exigence de l’ETA britannique sera ensuite testée dans d’autres pays. Selon les estimations actuelles, l’ATE britannique sera opérationnelle au niveau mondial d’ici à la fin de 2024, mais ce n’est pas encore une certitude absolue.
Une fois le système opérationnel, tous les citoyens de tous les pays auront besoin d’une ETA britannique pour se rendre au Royaume-Uni pour une courte durée. Cette mesure s’appliquera également aux ressortissants des pays qui exigent actuellement un visa pour entrer au Royaume-Uni. Pour ces visiteurs, un visa sera toujours nécessaire, mais l’approbation de l’AVE britannique le sera également avant que tout voyage vers le Royaume-Uni puisse commencer.
Tous les changements
À l’issue de la période d’essai initiale, l’obligation d’obtenir une AVE au Royaume-Uni sera étendue à tous les pays du monde. Il s’agit des pays qui bénéficient actuellement d’un accès sans visa au Royaume-Uni, tels que les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, le Mexique, Israël et la plupart des États membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen.
Tout comme les citoyens britanniques doivent actuellement obtenir une ESTA pour entrer aux États-Unis ou une eTA pour entrer au Canada, les citoyens de ces pays (et d’autres) devront obtenir une ETA britannique pour entrer sur le territoire du Royaume-Uni. Le système ETA devrait être pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année 2024, mais cela reste à voir.
Exceptions à la règle
Comme pour toutes les règles, il y a toujours des exceptions et les exigences du Royaume-Uni en matière d’ETA ne sont pas différentes. Une fois cette mesure pleinement mise en œuvre, les ressortissants de tous les pays auront besoin d’une ETA britannique pour se rendre au Royaume-Uni, à l’exception des cas suivants :
- Les détenteurs de passeports britanniques sont des ressortissants des quatre pays du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) ainsi que des îles de Jersey, Guernesey et de l’île de Man.
- Les ressortissants étrangers déjà titulaires d’un permis de séjour au Royaume-Uni ou se trouvant légalement au Royaume-Uni pour y travailler ou y étudier.
- Citoyens des dépendances britanniques Gibraltar et Bermudes.
- Citoyens de la République d’Irlande.
En outre, du moins pour le moment, les ressortissants étrangers qui ont besoin d’un visa pour entrer au Royaume-Uni n’auront pas besoin de l’AVE britannique, mais cette situation changera dans un avenir proche.
Aire de voyage commune
Il semble assez évident que les titulaires de passeports britanniques (délivrés en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord) n’ont pas besoin d’une AVE britannique pour se rendre sur ce qui est, en fait, leur territoire national. Mais pourquoi les citoyens de la République d’Irlande devraient-ils également être exemptés de cette obligation à venir ? C’est le résultat d’un accord entre le Royaume-Uni et l’Irlande appelé Common Travel Area (CTA).
Le CTA est un accord officiel entre les gouvernements britannique et irlandais qui facilite l’accès et la liberté de circulation dans les îles britanniques. Bien que la République d’Irlande ne fasse pas partie du Royaume-Uni, elle est un voisin très proche et partage une frontière avec l’Irlande du Nord, gouvernée par le Royaume-Uni.
Le CTA remonte aux années 1920, lorsqu’une frontière a été établie entre l’Irlande du Nord, gouvernée par la Grande-Bretagne, et le nouvel État libre d’Irlande. Cela a créé des problèmes majeurs pour les citoyens qui se déplaçaient d’une juridiction à l’autre pour des raisons personnelles ou professionnelles. Elle a également eu un impact négatif sur les échanges commerciaux entre les deux pays. En bref, la frontière constituait une barrière pour les personnes et le commerce en termes de perte de temps et de désagréments.
Il a été décidé de simplifier les choses en faisant des concessions spéciales en matière de circulation pour les citoyens irlandais, nord-irlandais et britanniques en établissant une zone de voyage commune. En vertu de cet arrangement, il était (et est toujours) possible pour les citoyens d’une juridiction de bénéficier de nombreux avantages qui sont refusés à d’autres.
Les citoyens irlandais n’ont même pas besoin d’un passeport pour entrer et se déplacer au Royaume-Uni (bien qu’il soit conseillé et plus sûr d’en avoir un) et jouissent de presque tous les droits d’un citoyen britannique. Il s’agit notamment du droit d’entrer, de voyager, voire de travailler ou de résider dans l’un des quatre pays du Royaume-Uni, et l’inverse est vrai pour les citoyens britanniques souhaitant s’installer en République d’Irlande. Aujourd’hui, suite au Brexit, même les citoyens de l’UE ne bénéficient plus de ces avantages et un visa est nécessaire pour tout séjour de longue durée au Royaume-Uni.
Demande d’ETA pour le Royaume-Uni
L’AVE britannique remplacera les dispenses électroniques de visa (EVW), qui sont actuellement utilisées par de nombreux ressortissants étrangers dans le monde entier. Le nouveau système est une amélioration par rapport à l’ancien, car non seulement il met davantage l’accent sur la sécurité, mais l’ETA est également moins cher et peut être utilisé à plusieurs reprises au cours de sa période de validité de deux ans.
L’introduction de l’ETA britannique concernera dans un premier temps les pays du Moyen-Orient, mais tous les visiteurs potentiels auront besoin d’une ETA britannique dans un avenir proche. Quelle que soit la nationalité, la procédure de candidature est la même pour tous.
Actuellement, il est proposé que le processus de candidature se déroule entièrement en ligne. Les candidats doivent donc avoir accès à un ordinateur doté d’une connexion internet fiable. Le candidat devra :
- Un passeport biométrique valide et en cours de validité
- Adresse électronique
- Paiement par carte de débit ou de crédit.
Le demandeur doit également fournir des détails sur les dates d’arrivée et de sortie prévues, ainsi qu’un itinéraire de tous les voyages prévus pendant son séjour au Royaume-Uni. Comme pour le visa Schengen, l’AVE britannique ne permet à son titulaire que de rester au Royaume-Uni pour une durée maximale de 180 jours et ne l’autorise pas à travailler ou à résider dans l’un des pays du Royaume-Uni.
L’ETA britannique n’est pas un document papier mais une autorisation électronique liée à un passeport, qui apparaît lorsqu’il est scanné à un point de départ ou d’arrivée. L’AVE britannique est valable pour une période de deux ans, et son titulaire peut entrer et sortir du Royaume-Uni aussi souvent qu’il le souhaite pendant cette période. Toutefois, si le passeport expire, l’AVE britannique expire avec lui et doit être redemandée (et payée).